Il est temps de passer aux choses sérieuses.Je ne suis pas partie à ce moment : je n'étais pas prête, dans ma tête surtout, et je me suis laissée arrêter par plein de choses.J'ai continué ma vie comme avant, entre déboires et soucis. Pourtant, de manière souterraine, il se passait plein de choses. L'idée du pèlerinage est revenue me hanter. Alors je me suis préparée à partir.Dans mes contes, les héros se sentent souvent appelés par une force étrange et ésotérique, qu'ils divinisent sous le nom "d'Aventure". J'ai ressenti quelque chose de ce genre. L'impression que la vanité de mon existence se renforçait chaque jour qui passait, et que tout perdait de son sens, de sa réalité. J'ai compris que le seul moyen de me sauver, c'était de revenir à des choses essentielles. Manger, dormir, respirer. Vivre, quoi. Et ainsi me ramener à la réalité.L'idée a mûri, et j'ai organisé mon voyage. Tandis que je finissais de rater lamentablement mes études, je pensais de plus en plus à ce voyage. Je réfléchissais à sa signification, à ses implications, aux problèmes que je pourrais rencontrer, mais aussi au plaisir que j'aurais à y arriver : non pas à arriver à Compostelle, mais simplement à marcher, comme ça, libéré de tout ce qui n'était pas vital.Un site en particulier m'a permis de passer de la simple rêverie à un "c'est possible". C'est un site de gens passionnés de rando et dont le but est d'alléger leur sac au maximum. Grâce à eux, je me sens capable d'y arriver... Parce qu'en plus d'avoir des tas de bons conseils sur le côté pratique, ils m'ont redonné un peu de foi, simplement en montrant comment certaines choses peuvent êtres simples, et comment l'impossible est faisable, aussi, dès qu'on y met son cœur...Je pars le 15 juillet. C'est ce que j'ai prévu, en tout cas. Je sais que bien des choses peuvent encore m'empêcher de partir. J'ai peur de ne pas y arriver. Je suis doué pour ne pas faire les choses. C'est facile de se trouver des mauvaises excuses, d'autant qu'elles paraissent bonnes au reste du monde. Mais je ne désespère pas.Mon but, c'est juste de partir et de cheminer. Si j'atteins les Pyrénées, je crois que je me sentirais vraiment bien : et je ne pourrais plus dire que je n'ai rien fait de ma vie. Et si je vais jusqu'à Compostelle... Ha la la ! J'ai dit que je m'offrais une nuit dans un "parador" (les hôtels de luxe espagnol, dans des belles bâtisses), et puis... Ca sera une telle récompense de voir Santiago...Mais je rêve, je rêve ! Je vais le faire, oui !